Doom Doom la (Tout timoun, se timoun)

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Ici, c’est le nouveau numéro d’Emma-Vagabonde, “Doom Doom la (Tout ti moun, se timoun)”. Emma y parle de son experience dans son stage, de la hiérarchie dans ce milieu et des conflits qui y sont nés. Suivez Emma-Vagabonde sur nos réseaux sociaux, Twitter, Facebook et Instagram ou directement sur notre site internet. Photos, vidéos, témoignages, textes, beaucoup de choses sont à venir. Tenez-vous prêt pour cette Emma toujours excitée de vagabonder.

Comme le dirait Marie Gaye (interviewé dans un journal, les métiers d’enseignement, d’éducation, d’instruction, ne nourrissent pas l’éducateur en soi, mais apporte une compensation morale ainsi que la satisfaction d’avoir participé à la formation des hommes et des femmes sur plusieurs générations.

L’éducation spécialisée désigne une branche en Travail social qui consiste à trouver des moyens, à faire des actions éducatives, dans le but d’accompagner une ou des personnes ayant des difficultés d’apprentissage. L’éducateur spécialisé se doit de participer dans l’intégration de toute personne ayant des besoins spéciaux.

Ses trois champs d’intervention sont :

D’abord, faire de la prévention, de la sensibilisation face au développement d’un problème imminent. Cela se fait par l’éducation des facteurs de risque associés et par la promotion de la santé par l’augmentation des facteurs de protection.

Ensuite, il y a de l’intervention par l’intégration et l’éducation de la clientèle qui est desservie. Atteindre le but se fera en développant des habiletés à favoriser l’intégration de la clientèle, selon ses capacités et ses limites.

Enfin, la réadaptation qui est plutôt une forme d’intervention, mais curative. Elle consiste à développer un ensemble de moyens médico-sociaux qui aideront la clientèle à trouver un quotidien fonctionnel dans le traitement de sa problématique. (Bissonette, 2009)

Mon métier

Pour simplifier tout ça, dans mon métier, j’accompagne les enfants, adolescents qui ont leur propre rythme de fonctionnement et d’apprentissage dans le but de parvenir à suivre le cours de la vie comme n’importe quel jeune. Ou d’être tout simplement fonctionnel en tant que personne.

C’est-à-dire avoir les bases pour vivre respectueusement en société. Comme savoir lire un avis important, savoir écrire son nom, être autonome à maintenir une bonne hygiène de vie, apprendre le respect de soi et des autres, utiliser sa créativité comme un emploi ou intégrer un milieu dans son intérêt dans le but de ne pas vivre du rejet et d’être indépendant comme être. Le but étant de donner de la place à tous dans un monde où nous sommes différents et uniques. Alors, je me suis laissée emportée par cette belle passion, pour aller offrir mon amour et disposer mon temps au service de beaux, petits anges de Dakar.

Lors de ma première semaine de stage, je me suis rendue dans mon milieu de stage. Au courant de cette journée, j’ai assisté à la première rencontre d’équipe.

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Le Milieu

Selon les renseignements du site de l’établissement, l’Association Sénégalaise pour la Protection des Enfants Déficients Mentaux (ASEDEME) est née à Dakar, le 16 décembre 1989, de la volonté d’une femme avocate, Aminata Mbaye, et d’un groupe de parents soucieux de l’avenir de leurs enfants.

Encouragée par des membres du corps médical (psychiatre, pédopsychiatre, orthophoniste, psychomotricien), cette équipe opiniâtre et volontaire a su insuffler autour d’elle le désir de faire cesser cet ostracisme à l’égard des enfants « différents », en offrant une structure capable de les accueillir et de les soigner. Grâce à l’obtention d’un terrain de 2 500 m2 à Grand-Yoff, mis à sa disposition par l’État, avec la bonne volonté des bénévoles, l’appui des amis et le soutien de généreux mécènes, l’Asedeme a pu mener à bien son projet et ouvrir à la rentrée scolaire 2003, le premier institut médico-éducatif appelé Centre Aminata Mbaye, en souvenir de la fondatrice disparue prématurément en 1998. Il accueille aujourd’hui 113 enfants déficients intellectuels.

Le centre participe à la formation académique des jeunes, de 5 à 25 ans. D’abord, ils viennent pour apprendre les bases académiques telles que lire et écrire. Ils font parallèlement des ateliers de poterie, couture, jardinage, etc. Ces activités sont disposées non seulement pour favoriser un meilleur contexte d’apprentissage pour les jeunes, mais aussi afin de les outiller pour la vie. Certains d’entre eux vont en stage et se font embaucher par les milieux de stage. Dans le centre, on retrouve majoritairement des cas de trisomie 21, de déficience intellectuelle légère, moyenne ou grande, des difficultés de langages, des cas du spectre autistique, etc. Il y a beaucoup à faire et je ne me croise pas les bras.

” cette équipe opiniâtre et volontaire a su insuffler autour d’elle le désir de faire cesser cet ostracisme à l’égard des enfants « différents », en offrant une structure capable de les accueillir et de les soigner.”

Emma-Vagabonde

La hiérarchie dans le milieu

Lors de ma deuxième semaine de stage, je me rends vraiment compte que je fais face à un choc culturel dans mon milieu de stage. D’abord, il y a le fameux patron. Un homme qui entrera bientôt dans le troisième âge ou vieillit bien. Dès qu’il a pris la parole à la rencontre (je l’ai jugé en partant), il est condescendant et parle avec dédain. Il semble vouloir faire du sarcasme, mais son sarcasme est irrespectueux. Son sarcasme ne tient pas nécessairement à mon goût. Il traite les éducateurs et éducatrices (tous des Sénégalais) de paresseux.

Tout le monde la tête baissée, l’écoute sans être en mesure de placer un mot en commentaire ou de poser une question. Oughh, j’ai eu l’impression d’être dans un champ à récolter du coton en plein midi. Le dégoût que j’ai eu à l’écouter parler. J’étais quasiment la seule noire à le regarder droit dans les yeux dans ses discours dédaigneux. Cela ne doit pas faire de grandes différences pour lui que je sois noire, puisqu’il l’a si bien dit, je suis stagiaire canadien. Ça veut dire ce que ça veut dire.

“Lors de ma deuxième semaine de stage, je me rends vraiment compte que je fais face à un choc culturel dans mon milieu de stage.”

Emma-Vagabonde
Emma Roberte devant la porte du Centre Aminata Mbaye

Des professeurs totalement effacés devant leur patron

De ce que j’ai cru comprendre, il est parvenu à siéger à ce poste parce que les Français sont devenus des partenaires du centre au fil du temps. Les éducateurs et éducatrices n’interagissaient pas trop lors des discours du patron. Lorsqu’ils parvenaient à le faire, ils étaient moins confiants à s’exprimer. Certains parlaient avec la main devant la bouche et on n’entendait pas clairement leurs propos.

Les seuls qui avaient beaucoup de confiance et d’assurance dans leur prise de parole semblaient avoir étudié en Europe. Le non-verbal m’a aussi fait réfléchir. Je me suis quand même gardée une retenue dans mes jugements, parce que c’était un premier contact avec le milieu et l’équipe, mais les comportements observables m’ont sauté aux yeux.

 Une institution comme celle-là a besoin d’une bonne structure et un dirigeant très organisé pour susciter sa bonne marche. Toutefois, ce n’est pas en étant irrespectueux avec l’équipe, qui quotidiennement vie les crises avec les enfants qu’il faut être léger dans ses propos. Je trouve très simpliste et terre-à-terre le langage professionnel des responsables ou membre de la direction.

“Non, je n’aime pas mon milieu de stage. Selon moi, il est trop hiérarchisé, lorsque les membres de la direction sont incompétents pour toutes les pressions qu’ils nous mettent.”

Emma-Vagabonde

Le conflit…

 J’ai eu un bon rapport avec l’éducatrice avec qui je vais travailler toute la session. Elle est très gentille et ouverte. Cela fait déjà cinq ans qu’elle travaille avec des enfants à besoins spéciaux dans ce centre. Nous avons planifié notre façon de travailler durant les prochaines semaines et nous prévoyons de mieux rayonner notre salle de classe. Je compte participer activement dans l’élaboration des moyens d’apprentissage pour les jeunes.

Toutefois, il y a un souci. Je me retrouve au sein d’un conflit de groupe. Un conflit qui ne date pas d’hier entre ma collègue et les autres membres de la direction. De ce fait, je me retrouve quelquefois à être pressurée par ma collègue parce qu’elle vit comme pression de la direction sont énormes.

Non, je n’aime pas mon milieu de stage. Selon moi, il est trop hiérarchisé, lorsque les membres de la direction sont incompétents pour toutes les pressions qu’ils nous mettent. Je me retrouve à attendre vendredi chaque lundi et à veiller à chaque 13 heures dès 8 heures. Ce n’est pas dans ma façon de faire en tant que professionnel. Je ne vais pourtant pas abandonner mon stage. C’est dans l’adversité que j’apprends toujours les meilleures leçons.

En bonus 

J’ai fait la rencontre d’une petite fille adorable qui me ressemble tel mon reflet de fillette. La première fois qu’on s’est croisé, on s’est aimé. Elle me sourit, sa bouche souriante et sa dent cassée accueillante font place à un ruisseau de bave. Comment résister à autant d’amour. Ces enfants sont ma source d’énergies positives afin de continuer ce bon combat !

Doom Doom La !

Emma-Vagabonde

Emma-Vagabonde

Mus’Elles tient à s’excuser auprès de son public pour l’irrégularité dans la publication du carnet de voyage d’Emma-Vagabonde. Mus’Elles fait de son mieux pour continuer le travail depuis les récents troubles politiques qui font trembler les rues de Port-au-Prince et ses occupants, depuis environs cinq semaines maintenant.

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