TU AS JOUI?

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– Il y avait mes cheveux qui se hérissaient, ses frissons qui me parcouraient de partout, tout était si intense. Je tremblais sous ses caresses, il était si beau. De grande taille, une corpulence digne d’un dieu de l’olympe. J’ai même crié son nom ou plutôt j’ai chanté son nom. Un rêve ou un cauchemar? Je ne sais pas comment le prendre pasteur, mais hier soir j’ai joui. 

-Tu as joui? Arrive seulement à demander pasteur Charles.

– Oui pasteur.

Stupéfait, il se contente de me faire un signe de la tête  pour que je puisse continuer mon récit.

-J’ai même senti les va-et-vient qu’il y a eu et il n’y avait pas de douleurs. Il m’a même prise par derrière. Comment ça peut-il arriver alors que je suis encore vierge? Aide-moi à comprendre, sinon je vais devenir folle. 

-Peut-être que ton âme n’est pas vierge.

Sur mon visage se dessine des larmes de culpabilité et de honte qui s’amplifient sous le regard accusateur du pasteur. Je ne voulais pas venir au presbytère, mais ma mère m’a ordonnée de m’y rendre pour que le pasteur puisse chasser cet incube qui me faisait gémir tout au long de la nuit. Quand une chambre est partagée entre plus de six personnes, ce n’est pas étonnant que l’intimité des rêves soit aussi partagé. 

 -“Frè Pyè! Tande gwosè kout alsiyis Marirenn nan bout Kay nou an! ”  

Ma mère se mettait tellement à crier que je n’avais pas d’autres choix que de me réveiller.

-“Men ledyab ap travay pitit la ban nou!”

Je passais d’une émotion à l’autre. Tout ce que j’ai fait de mal c’était de rêver et JOUIR. Peut-être trop bruyamment, mais ce n’est pas comme si je pouvais me contrôler comme lorsque je me masturbe. Si ma mère savait combien de fois j’ai péché sur ses draps! Je ne comprendrai jamais pourquoi j’ai cet organe de plaisir au cœur de mon corps et dois attendre un beau petit prince venir me le chatouiller. OK. Je pèche souvent seule et j’assume. J’ai dû raconter le rêve à ma mère et remuer ciel et terre pour la rassurer de ma chasteté.

-” Ou mèt kwè m wi manmi, ou wè m te kanpe lè pastè te mande tout jèn k ap mennen yon vi chastete kanpe, pou fè sèman, pou yo ka toujou  kenbe. Epitou m toujou pran lasenn wi.” 

-“Ok sèlman. Pwochèn fwa m gen dout se tate m ap tate w. Sonje m di w, Bondye revele m se ak pitit pastè a w ap marye. Donk, kenbe kò w pwòp. Sinon se nan yon bò sak pay y ap voye w tounen ak yon kola demi, epi yon pen san nannan.”

 Pour m’échapper des sermons de ma mère, je suis venue voir le pasteur. D’ailleurs, il ne cesse de demander à nous les jeunes de l’église de faire de lui notre meilleur ami. Certains l’appellent même papa. 

-Peut-être que ton âme n’est pas vierge.

Jamais des mots ne sont parvenus à mes oreilles avec autant de fracas. Mes pieds ne veulent plus me tenir, je les sens qui se vident de leur force. La pire chose que j’ai entendue de ma vie. Non, je ne vais pas lui demander de m’expliquer. Que va t-il me dire, sinon me blâmer. Tous les membres de son assemblée sont des vilains petits pécheurs, qu’il doit surveiller à tout bout de champs. Les plus rebelles, jugés indignes du royaume du BonDieu se voient radiés et snobés. Pourquoi j’ai obéi à ma mère?

Une main essuie mes larmes, celle du pasteur. 

-Je ne voulais pas te blesser ma fille. Mais je suis obligé de te dire la vérité, il faut mener une vie de prière pour éviter ces problèmes. Heureusement, tu es venue me trouver. Je vais te libérer. 

Tout à coup, je sens mon cœur battre à la vitesse de la lumière. Je n’ai jamais aimé assister aux séances de libération à l’église. Le pasteur secouait de l’eau dans sa bouche pour asperger la foule avec. On buvait sa sueur, on prenait sa serviette, etc. Voilà maintenant, c’est moi la possédée. La nausée me prend rien qu’en y pensant.

Une main sur ma tête, l’autre sur ma bouche. Puis il dit:

-Cet homme là qui te faisait chanter s’appelle Dambalah, tu es sa possédée. “Si w pa libere ou p ap janm marye, w ap mache de nèg an nèg.” Je vais te purifier ma fille. Laisse-moi délivrer ton âme en possédant ton corps.

 Négresse Colas


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